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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 15:06

 

 

 

 

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Le magasin le Printemps a été créé en 1865 dans le quartier en pleine expansion qui naissait autour de l’Opéra Garnier. Ce quartier urbanisé sous le second empire attire les investisseurs de tous bords. D’ailleurs les sièges sociaux fleurissent. Et nous pouvons citer encore les 3 vaisseaux des « 3 vieilles » c’est-à-dire : LCL, Société Générale et BNP Paris-Bas qui sont tous trois aux abords de l’Opéra. C’est un quartier qui avec la gare St Lazare couple un grand nombre d’employés, des sociétés puissantes, un lieu de culture de premier plan et il est tout à fait logique que ce fut dans ce quartier que ce développa les Grands Magasins.C'est un magsin mythique a plus d'un titre qui a toujours su innover, on se rappellera par exemple qu'il faut le premier magsin avec la lumière électrique, il est aussi à l'initiative de la marque Prisunic en 1931 qui fut si importante dans le design des années 60. C'est un Grand Magasin parmi les plus connu au monde avec La Galerie Lafayette, le Bon Marché, Harrods ou Selfridge.

 

La polémique actuelle est que le Printemps, un des fleurons Parisiens, soit racheté en totalité par l’un de ses actionnaires : Borletti lui-même racheté par le Qatari.  

 

Revenons sur les faits :

 

Nous nous rappellerons de la bataille entre les Galeries Lafayette et Casino en 2011-2012 à propos de la revente de Monoprix. Casino a dû racheter pour plus d’1.5 milliard les 50% des parts que possédaient des Galeries Lafayette. Ainsi la société a obtenu le cash suffisant pour créer le levier auprès des banques et autres bailleurs de fonds afin de lever la somme suffisante pour racheter le magasin du Printemps. Tout au moins c’était le scénario sur le papier.

D’ailleurs penchons-nous un peu sur le détail de cette transaction : La marque Monoprix est une marque solide d’une chiffre d’affaire de 242 million d’€ en 2011 soit une progression de 1.78% annuel. Le nombre d’employés est stable aux alentours de 1000 personnes. Et la marque Monoprix est donc estimée aux alentours de 3 milliard d’€.

 

Le Printemps dans son histoire récente est une société qui s’est relevée depuis 5 ans et son rachat par Deutsch Bank et Borletti au groupe PPR. Son chiffre d’affaire passant en 2009 de 512 million d’€ à 1,13 milliard d’€ en 2012 tout en diminuant le nombre d’employés dans le même temps passant de 2900 à 2300. Le Printemps possède la deuxième surface de vente après les Galeries Lafayette avec 43 000m2, dans un bâtiment magnifique classé aux monuments historiques. Les informations qui circulent sur le net, Médiapart et autres journaux, indiquent que le rachat total par le Qatari du printemps se ferait aux alentours de 1.6 milliard d’€ soit 2 fois moins que l’estimation pour la société Monoprix ! Je ne suis pas loin de là dans le secret des dieux, mais il me semble que cette différence soit complétement biaisée. Comment une société plus prestigieuse, plus bénéficiaire, dont le chiffre d’affaire est plus solide soit moins chère que son concurrent qui est moins bien loti. J’ai beau me dire que je ne connais pas le taux d’endettement, ni l’ampleur des investissements à réaliser, pourtant je n’arrive pas à me convaincre du si petit prix du Printemps ! Je me demande où sont les média, où sont les journalistes d’investigation ? Dois-je moi-même enquêter pour comprendre comment l’on arrive à un prix de vente aussi sous-évalué ?

 

A ceci s’ajoute une seconde polémique : le Qatari aurait proposé 1.6 milliard d’€ et les galeries Lafayette 1.8 milliard d’€. Et c’est le Qatari qui remporte la prime ! Qu’elle est cette logique ? Les Galeries Lafayette connaissent le travail, et sont très performantes, puisque c’est le grand magasin le plus rentable au monde avec un chiffre d’affaire de plus de 4 milliard d’€ par an ! Ils ont tous les atouts pour eux ! Argent, compétence, logique de marque, stratégie internationale, et ils sont une société française. A l’heure du relancement de la productivité économique, à l’heure du matraquage sur Arcelor mittal, à l’heure où le gouvernement s’implique dans la fermeture de PSA à Aulnay, il est impossible d’imaginer que le gouvernement ne soit pas intervenu dans la revente du printemps autant à cause des emplois que de l’image internationale. Et je vous le dis sans emballage : la pièce qui est en train de se jouer est du plus mauvais goût ! Et je ne serai pas étonné que dans quelques années ceci se transforme comme une nouvelle affaire politico-financière dont notre pays semble se délecter.

 

Je pousse mon coup de gueule car je ne comprends pas, en tant que professionnel de la mode, le fonctionnement de cette transaction qui ne me paraît ni morale, ni financièrement rentable, ni juste. Il faut que les chiffres soient rendus publics. Les syndicats doivent plus communiquer ! Premièrement que l’on nous explique le coût apparent sous-estimé du printemps. Et deuxièmement que l’on explique QUI a décidé que le Qatari remporte l’offre et POURQUOI ?

 

Le marché des entreprises est simple, logiquement c’est le plus offrant et le mieux placé dans l’activité qui remporte la mise, dans ce cas c’était les Galeries Lafayette. J’invite la Mairie de Paris, les ministres de tutelle, le PDG du Printemps: Paolo de Cesare de revoir leur communication afin de mieux expliquer les faits et de clairement définir les tenants et des aboutissants avant que la polémique n’enfle et ne les dépassent tous.  

 

Et qu'ils ne nous disent pas que cela ne nous conserne pas! NOUS SOMMES LES CLIENTS! Alors puisque le client est roi. Et bien le roi se doit de tout connaître!

 

 

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 19:06

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Margaret Tatcher (1925-2013)

 

 

Qui fut Magaret Thatcher (1925-2013) ? En France, elle représente le libéralisme à outrance, la déréglementation de la fonction publique et l’euroscepticisme. Au Royaume-Uni, le sentiment est plus complexe, on lui reconnaît aussi sa capacité à réformer un pays qui était écrasé par les dettes, l’inertie et une industrie vieillissante… Des maux qui font échos à notre situation actuelle ?

 

Quand je vivais en Angleterre, il y a maintenant 6 ans, déjà nombre de mes amis britanniques pensaient que la France avait besoin de sa Dame de Fer. Mais la France de 2013 est-elle le Royaume-Uni de 1980 ? Non ! Là est l’erreur. Et là, est la faiblesse du raisonnement d’une majorité d’anglo-saxons. Les réformes qu’a organisées la Première Ministre durant plus de 10 ans ont été spectaculaires, quelques fois violentes, mais souvent douloureuses. Sa vision était claire, efficace et directionnelle. C’est d’ailleurs ainsi que Le précédent Président de la république a essayé de réformer la France, mais son style trop direct, trop offensif à braquer la population. Et il échoua à sa réélection à cause de son style. Magaret quitta aussi le gouvernement plus à cause de son image, de son comportement, de son égémonie que de son programme politique. D’ailleurs John Major, le Premier Ministre qui lui succéda était du même parti. Ce qui prouve bien que c’est sa personnalité qui exacerba la population britannique.

 

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Margaret Thatcher avec la styliste Margaret King

 

Mais quel état son personnage ? Cet animal politique, capable de broyer toute concurrence ? Son image de Dame de Fer, c’est aussi et surtout une crinière au brushing ostentatoire, make-up impeccable, parure de perles et un sac Asprey London, depuis son accession au pouvoir en 1979, elle cultivait une image très chic et bourgeoise. C'est même en tailleur (mais pieds nus) qu'elle a fait du tennis, c'est dire ! Femme de pouvoir oui, mais aussi coquette, elle agrémentait toujours ses "Power Suits", comme on les appelle outre-Manche, d'un détail un peu fun comme une doublure colorée, une broche ou un col lavallière. Parfois, elle jouait même les audacieuses avec de longues robes moulantes drapées. La majorité de ses tailleurs sont réalisés par la marque britannique de luxe Aquascutum créée en 1851 dont la direction artistique était assurée par Magaret King. Son élégance est de plus en plus reconnue et elle a donné le ton du bon goût pour une femme politique de premier plan. Les collectionneurs de mode ne s’y trompent pas puisque ses robes souvent estimées à £1000 s’arrachent sept fois plus cher (cf Christie’s en septembre 2012).

 

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Vente aux enchères de quelques robes de Margaret Thatcher en septembre 2012 chez Christie's

 

 

 

 

 

 

Si nous continuons l’analyse en profondeur de la tenue vestimentaire de Magaret Thatcher, nous pouvons remarquer autre chose. Sa tenue vestimentaire qui est typique des années 80’s semble moins austère que la garde-robe de Simone Veil née en 1927 de 2 ans sa cadette. Je me doute que ce propos peut surprendre à bien des égards. Et pourtant par bien des aspects Madame Veil dans sa politique semble moins conservatrice et moins clivante. Magaret représente la bourgeoisie anglaise, efficace et offensive, déterminée et femme clairement indépendante. Simone Veil a un parcours différent certes, mais elle représente parfaitement la bourgeoisie française de Paris Ouest : chignon impeccable, tailleur Chanel et petits talons hauts carrés. Simone Veil semble plus fermée que Margaret Thatcher, plus traditionnaliste. Mais c’est aussi, avouons-le, l’image qu’à la France à l’étranger et spécialement à Angleterre. Alors que dans les faits Simone Veil par son adhésion à l'UDF est typiquement du centre-droit, donc théoriquement moins conservatrice que Margaret Thatcher, elle le prouve dans sa vie politique. Dans son autobiographie publiée en 2007 elle montre combien son combat pour l'IVG fut difficile et enragé. Ce sont deux femme de la même trempe. deux femmes aux idées solides, au caractère fort, à la réflexion petinente. Mais l'une est britannique et l'autre française. L'une est une vraie conservatrice mais sacrifie le chapeau au quotidien, l'autre ne dérogera jamais de sa tenue vestimentaire. Cette vision loin d'être anecdoctique se poursuit encore bien des années après.  Rappelons-nous par exemple de la fameuse blague française présentant Tony Blair comme plus proche de la droite que de la gauche Française. Cela montre combien la France est en décalage avec la politique Anglaise. 

 

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Simone Veil née en 1927

 

Le détail où ces deux femmes d’exception se rejoignant dans leur tenue de scène est l’inimitable collier de perles, qui est un reste des lois somptuaires des siècles précédents et est souvent offerts à la majorité de filles des bonnes familles. C’est autant un symbole d’aisance financière que de réussite sociale et de transmission des valeurs familiale. Cette tradition se perpétuent encore dans de nombreuses familles françaises, j’avoue ne pas savoir si c’est encore le cas en Angleterre, mais c’est le genre de tradition qui ont la vie dure.

 

 

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Magaret thatcher est une femme exceptionnelle à plus d’un titre, elle a une audace sans pareil, elle a su utiliser la mode comme un moyen de communication. Il est fort à parier que pour cela, elle se soit inspirée du précédent d’Elizabeth Première (1533-1606) qui fut l’inventrice du premier style international. Les femmes politiques ont au moins ce mérite d’user de tous les moyens à leur disposition pour marquer leur temps et leur pouvoir. Et il est évident qu’en ce sens chacune a su se différencier. Il en va de même avec Angela Merkel née en 1954 qui a su réinventer le tailleur-pantalon dans une version très rustique… Mais ceci est une autre histoire.

 

Hommage donc à l’icône de mode que fut Margaret Thatcher, respect à la personnalité politique, et une pensée à tous ceux qui ont souffert aussi de ses réformes si dures.

 


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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 18:11

 

 

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Old England vient de disparaître fin mars 2012. Ce grand magasin était bien plus qu’une galerie marchande ; c’était une atmosphère, un style de vie, un standing. Voici l'’occasion de refaire le point sur 144 ans d’histoire d’une institution qui marqua le monde de la mode. Une histoire riche d’enseignements qu’il est important d’avoir en tête pour éviter que ce scénario catastrophe ne se reproduise sur d’autres fleurons de la mode.

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Old England vers 1880


L’histoire de cette société commence sous le Second Empire. Plus précisément en 1867, dans le nouveau quartier en pleine expansion qu’est celui de l’Opéra  dont les travaux s’étalent de 1861 à 1875 - édifice voulu par Napoléon III et conceptualisé avec brio par Charles Garnier (1825-1898). Ce secteur de Paris devient sous la volonté du Baron Haussmann rapidement le quartier le plus moderne mais aussi l’un des plus chic de Paris. Proche de la rue de la Paix qui comptent les plus grands noms de la Haute couture naissante comme Worth et Jeanne Paquin, et de la gare ferroviaire de St Lazare crée en 1842 qui draine déjà plus de 25 million de voyageurs de province mais aussi une classe très aisée qui part dans la countryside à Trouville, puis à Deauville qui émerge réellement des sables  et des marais à partir des années 1860. Ce quartier est le symbole de la seconde révolution industrielle, de l’hygiénisme avec de larges avenues, du développement de la grande Bourgeoisie avec les grands magasins.  Autour de l’Opéra vont s’installer les sièges sociaux des 3 Vieilles, c’est-à-dire les 3 plus importantes banques françaises : Banque de Paris (ancien Comptoir national d'escompte de la ville de Paris) en 1848, le Crédit Lyonnais (ancien LCL) en 1876, qui est à l’époque la première banque au monde, avec des agences à travers le monde depuis Wall Street à New York, jusque St Petersbourg et la Société Générale en 1912. A ces employés en col blanc s’ajoutent les milliers d’employés des Grands Magasins du Boulevard Haussmann avec la fondation du Printemps en 1865 et des Galerie Lafayette en 1912. Enfin pour compléter un tableau d’exception est fondé les hôtels de prestige comme le Grand Hôtel en 1861, L’hôtel Scribe en 1861 et Le Grand Hôtel Terminus en 1889.

 

La marque Old England est fondée par un Français : Alexandre Henriquet ancien employé du Bon Marché fondée en 1848 et de la famille Boucicaut. D’où lui vient l’idée de Old England sachant que l’Entente Cordiale n’aura lieu que dans 30 ans et que les armées des deux pays se font souvent front en mer et dans les colonies?

 

C’est justement toute la complexité de la mode sous le XIXem siècle que révèle cette fondation de la marque Old England. Car en même temps que l’état britannique est mal apprécié en France pour ses actions politiques et militaires, autant une partie importante des parisiens se retrouvent dans la mode anglaise. Ce que l’on appelle l’anglomania. Cette influence remonte loin. Nous pouvons commencer à sentir l’influence anglaise à Paris sous la fin du règne de Louis XVI. En particulier dans les toilettes de Marie-Antoinette qui sont de moins en moins pesantes surtout quand elle se promène dans la nature et les jardins. On y retrouve une touche digne du peintre Gainsborough (1727-1788). La Révolution Française de 1789 va pousser une grande partie de la noblesse à quitter la France, ils vont se réfugier à Londres dans la grande majorité. Et Ils vont y rester plus de 15 ans. Ce sont des gens aux moyens financiers non négligeables et ils vont adopter la mode anglaise. Ils rentrent en majorité France après la chute du premier empire, ils ont emporté avec eux le goût anglais tel la redingote pour les hommes ou le chapeau en forme de capote à longue vissière pour les femmes. Les élégants sous la Restauration seront même nommés les Fashions, preuve de l’influence anglosaxone. N’oublions pas que cette restauration de la monarchie ne s’est pas faite sans contrepartie militaire. Nous oublions trop rapidement que des régiments anglais ont occupé des casernes à Paris. Leur tenue vestimentaire, très colorée a marqué les esprits. A la fin de la restauration, en 1848, la génération des personnes âgées de 60 ans et plus, riches et nobles ont un profond respect pour l’Angleterre qui leur a permis de récupérer leur bien, l’anglomania va dont devenir à partir de cette époque aussi un reflet du conservatisme car ses partisans seront opposés à la République puis à l’empire. Mais les tensions bien que vives seront moins sanglantes qu’en 1789. Et les nobles resteront en France après la révolution de 1848, ils s’accommoderont de la situation même si ils ne renonceront pas au retour de la royauté avant le début du XX ème siècle.

C’est en 1867 qu’Alexandre Henriquet, ancien acheteur au Bon Marché, eut l’idée de reprendre un magasin de mode écossaise installé au 35, boulevard des Capucines. Il avait compris le potentiel de l’anglomania et l’occasion entreupronariale que présentait le Second Empire et sa prospérité.

En 1867, Old England se retrouve en plein triomphe britannique – politique, économique, colonial, vestimentaire. Le personnage du gentleman fait son entrée. Henri-Frédéric Amiel écrit à son propos : ” Le gentleman est l’homme maître de lui-même qui se respecte et se fait respecter. Son essence est celle de a souveraineté intérieure“.

 

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Vers 1880, le nouveau magasin est inauguré au coin de la rue Scribe. C’est alors le plus beau grand magasin de Paris. La ligne marqueking est alors d’ “illustrer une certaine idée de l’art de vivre britannique”. Une idée qui est toute française, faite de clichées, mais toujours avec une réelle qualité des produits. A l’opposé à Londres où s’ouvre l’Empireum en 1875, qui deviendra le fameux Liberty, lequel vend exclusivement des produits venant de l’empire britannique. Car rappelons que le Royaume-Uni à cette époque est fort de 400 million d’habitants sur les 5 continents et l'on y produit des artisanats Ecossais, hindous et même originaires d’Hong Kong.

 

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L’enseigne Française d’Old England est souvent citée dans la littérature, preuve de son enracinement dans la bonne société, chez Balzac dans Un début dans la vie, dans les notes d’Edmond de Goncourt, chez Mauriac dans Thérèse Desqueyroux ou dans Les conquérants; plus proche de nous chez Claude Roy dans La traversée du pont des Arts ou Georges Perec dans Les choses.

 

 

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07bf3376ff864d2bd229de27dcc81e8b162e1ce5Old England, c’est aussi l’avènement du vêtement bourgeois. Ce n’est qu’une démocratisation partielle, mais un aperçu du prêt-à-porter concept qui n’existe pas encore. Avec l’avènement de la mode des paletots, le journaliste Auguste Luchet déplore : “Le temps sculptural des Staub et des Kléber n’est plus ; il est mort avec le frac et la redingote ajustée. Le paletot-sac à toutes les épaules l’a supprimé. Il n’y a plus de mesures maintenant, il y a des tailles. On est plus un client, on est un quatre-vingt…” Mais pour autant, le magasin était réputé pour ses tailleurs émérites – le département enfant en comptait jusqu’à 12 ! Old England fut le premier grand magasin de grand luxe à vendre du prêt à porter – en modestes proportions ceci dit, jusqu’aux années 50 (en 1930, le sur-mesure représentait 80% des ventes).

 La première force de Old England était la qualité, la coupe et le service. Ces facteurs auraient dû assurer sa continuité. Pourquoi cette fermeture ? Jusque les années 30-40, le grand magasin fonctionnait correctement. C’était déjà un magasin vieux de 70 ans. Il avait donc comme clients les petits enfants de ses premiers clients. La ligne de conduite de la marque était la robustesse, la qualité et la continuité. Selon une anglomania typique de 1850. Mais à partir des années 50 et surtout des années 1960, on assiste à un autre type d’anglomania, celle des beattles, des rockers, de la revendication. Cette culture aboutira au punk des années 80. C’est un décalage complet avec les valeurs de la marque Old England. Ce sont deux générations qui ne se comprennent pas. Le coup de massue pour le magasin fut réellement mai 68. Il n’a pas su prendre le virage de la jeunesse et sans s’en rendre compte n’a pas su renouveler sa clientèle qui est devenue vieillissante. Le lieu est devenu has been, dépassé. Depuis les années 80, les chiffres d’affaire n’a eu de cesse de diminuer pour devenir négatif aux alentours des années 2000. Dès 2001, il était question de fermeture pour le Grand Magasin.

 

ba7346d5b94d7c9852415da6d67354bf942e039aLe magasin avait un potentiel formidable qui a été gâché dans les années 2000. Car ils auraient dû jouer sur le côté old fashionnable. Il fallait pour cela communiquer, proposer une dynamique de communication à la pointe sans spécifiquement changer les produits ni le magasin. Les deux rénovations successives partielles ont été des échecs car elles ont en partie, dénaturé le site et sa patine sans apporter un concept global novateur. Les sommes d’argent auraient plutôt dû être investies dans la communication, un site internet de qualité, des événements festifs autour de son histoire et de sa notoriété.

 

La dernière décennie chez Old England est pour moi faite d’actes manqués, d’un manque d’audace, et aussi d’un manque de compréhension du marché parisien et de son évolution. Cette aventure de 144 ans est l'histoire d'un concept bien assimilé à l'origine lequel c'est retrouvé en décalage avec ses contemporains 120 ans après. Soit une marque évolue tous les 30 ans pour suivre et comprendre la nouvelle génération, soit elle assume une tradition de qualité et de technicité, mais dans les deux cas la communication est la clef de la poursuite d'activité. Depuis combien de temps Old England n'avait pas fait une campagne de publicité digne de son nom dans tout Paris? L’histoire fut belle, glorieuse, la fin fut plus pathétique et bien triste.

 

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Old England actuellement à l'abandon après un incendie aux origines indéterminées.

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 11:38

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J'ai le plaisir d'intervenir pendant le colloque de conférences pour proposer une approche de l'influence de la mode anglaise sur la France depuis Elizabeth Ier à la Restauration.

Le Touquet Paris-Plage organise du 9 au 17 octobre prochains, une semaine pendant laquelle la station met à l'honneur le Royaume-Uni et fête ses visiteurs britanniques et ses liens avec le Royaume-Uni.

Intitulé "British Week" : (les fêtes franco-britanniques du Touquet Paris-Plage), cet évènement, placé sous le "haut patronnage" de l'Ambassadeur de Grande Bretagne en France, Sir Peter Westmacott, proposera acitivités artistiques, culturelles, sportives, gastronomiques, architecturales... organisées par l'ensemble des associations, des acteurs de la ville, de la Municipalité et du Touquet Paris-Plage Tourisme.

Un programme d'activités variées est prévu dès le samedi 9 octobre. D'ores et déjà au programme une inauguration en présence de l'Ambassadeur et de personnalités, des tournois et animations sportives, un rassemblement de véhicules d'exception, des conférences, des défilés de cavaliers dans la sation, des animations commerciales... Un nouveau circuit de visite de la ville sera également inauguré à cette occasion : le "British tour".

 

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 19:37

 

http://archives.next.liberation.fr/files/images/resampled/485x320/premierevision.jpgEn lisant et relisant le texte d'introduction du salon " Première vision" -le plus important salon - pour connaître la mode six mois à l'avance je suis surpris par trois points.

Premièrement le texte n'est pas signé, je suppose qu'il est donc le produit d'un travail collectif, certainement le fruit d'un bureau de style.

Le deuxième point important est sa très grande qualité rédactionnelle: style enlevé et bref.

Le troisième point, certainement le plus subjectif , est la réthorique esthétique du texte. Je rappelle au passage que l'esthétisme est la philosophie appliquée à l'art. Dans cette introduction on peut lire des oxymores et autres effets de styles typiques d'une volonté de prouver que l'on vient de se creuser les méninges pendant une semaine pour trouver des expressions qui sonnent bien,  qui résument le concept à l'essentiel comme: Rigoureusement déroutantes ou conquêtes poétiques et aussi le plus recherché: les ennoblissements couleurs... Ces expressions bien compréhensibles dans le contexte du texte contiennent un caractère quelque peu précieux. Nous n'oserons rappeler ici les conseils de nombreux écrivains: le bon mot est souvent le plus simple, la bonne pensée est souvent aussi la plus limpide. A trop faire dans l'esthétisme, on en devient Esthète puis Sophiste. Combien ai-je vu de personnes lire avec attention ce texte dans le hall du salon? Combien ce sont posées la question tout à fait sincère qui est: l'équipe du palais de Tokyo a-elle envahi les lieux? Cette introduction est une expectative sur ce qui va être créé, comme si la matière première permettait la création d'un chef d'oeuvre pas simple par son utilisation... A trop en faire le texte en devient intemporel et pourrait être usité à chaque saison. En utilisant le langage de l'esthétisme, les organisateurs du salon détournent la réalité des enjeux commerciaux. Trop de fleuritures esthétiques entâchent la crédibilité, donne un caractère superficiel au texte. Frôle t-on le snobisme, l'ellitisme? Se cachant derrière ce langage philosophique, ils parviennent à donner une image différente au client-exposant comme au tout venant. Mais que tient à nous dire ce texte? Si ce n'est que nous nous trouvons dans l'antre d'un futur prometteur. Serait-ce une façon de nous rassurer alors que la reprisse économique est si poussive et précaire? Cette sérénité affichée et claironnée n'est-elle pas contre productive? Avec le recul on pourrait croire que les lignes écrites soient plus le fruit d'une volonté commerciale qui veut insufler la mode, qu'une analyse reposée et calme.

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