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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 17:09

 

thelonggoodbye toos van holstein

"The Long good bye" 60x60cm

 

 

 

 

 

 

toos van holsteinLes Pays-Bas ont toujours été une terre de peinture. Même si l’heure de gloire fut le du XVème  au XVIIème siècle, les néerlandais conservent une approche sensible de la peinture. Est-ce la climat ? La qualité de vie ? Ou la luminosité qui permet une telle créativité ? Voici des questions sans réponses, qui n’offrent d’ailleurs qu’un intérêt mineur.  Ce qui me semble plus pertinent est de comprendre comment les artistes Néerlandais contemporains ont su conserver un héritage magnifique sans y être enfermés. Ma découverte de l’artiste Toss van Holstein née en 1949 me permet d’envisager une telle  réflexion.  Son travail exposé actuellement à la Galerie Derrière la Dune, au Touquet Paris-Plage reflète de nombreux échos tout en proposant une relecture toute personnelle.


Les références au passé dans son travail sont nombreuses, on peut y voir : Venise par les couleurs, l’antiquité par les toges que portent les personnages, Tochwe ou les Massaaïs dans certains motifs tribaux. Les échos sont multiples mais à chaque fois transformés et légèrement déformés. Les petits détails sont éparses et nous lancent des pistes : comme un pictogramme qui rappelle la Chine ou bien un poisson dont la métaphore christique est frappante. Son travail est définitivement un syncrétisme de mémoires, d’émotions, de couleurs et de senteurs. En tant que spectateurs nous rentrons dans son travail, dans son univers.


D’ailleurs Toos van Holstein nous y invite par une architecture très particulière. En effet la peinture est frontale. Les éléments architectoniques ne dessinent pas clairement un point de fuite. L’œil est bloqué au premier plan. Un semblant de point de fuite est créé par une décoloration de l’espace du tableau. L’œil se dirige naturellement vers cette dépression de couleur. Et c’est justement dans cette espace que Toos van Holstein peint un groupe de personnage dont leur visage est illisible, portant des vêtements d’un autre temps, sans être historiquement datable. Ces personnages ce sont les spectateurs, c’est nous ! Nous sommes invités à entrer dans le tableau, à nous imaginer entourés de ces couleurs chatoyantes, effleurés par les doux vents du vortex.


L’œuvre de l’artiste est comme son caractère : entier! Toos van Holstein est une artiste dont l’énergie et la joie de vivre rayonnent constamment. Cette coloriste de talent nous permet d’entrer de plein pied dans une œuvre chamarrée forte et onirique. Cet expression picturale  me rappelle dans la théorie le mouvement CoBrA[1] dont l’un des fiefs étaient Amsterdam.


La peinture de Toos van Holstein ne fait pas partie du néo-figuratif. Pour cela, elle devrait représenter un paysage reconnaissable. Elle se décrit plutôt comme une peinture « figurée ». il faut comprendre ce mot dans le sens onirique. C’est la représentation de l’espace-de-vie de Toos. Il y a des éléments reconnaissables, mais l’agencement est imaginatif. Retirons par exemple  les groupes de personnages dans ces œuvres et nous serons en présence d’œuvres abstraites dans la majorité de son travail. Toos est avant tout une femme qui peint, une mère qui rêve. Elle nous entraîne dans son univers structuré par des années d’étude de l’histoire de l’art. Son inconscient est parsemé de palais byzantins, de robes à la Watteau[2] et d’histoire de vie. On ressent une grande empathie dans son travail. Comme le tableau qui évoque la migration des populations européennes vers les Amériques. Ces millions de personnes qui sont parties au cours de siècles laissant leurs souvenirs et leurs proches derrière eux. Ces souffrances et ces drames familiaux. La vie pour Toos est maelstrom de sentiments.


Est-ce que chaque sentiment à une couleur prédéfinie à la manière de Poussin (1594-1665) lequel l’avait prescrit dans une philosophie esthétique? Non, la peinture de Toos n’est pas tonale[3], car elle n’est pas préméditée. Toos est seule face la toile, elle oeuvre dessin préparatoire. Aucune musique ni bruit ne l’entourent au moment de la création. Elle travaille seule, avec force et concentration. Toos van Holstein va rechercher au plus profond d’elle-même une émotion qu’elle figure dans un espace imaginé. 


Considérée comme l’une des plus importantes peintres néerlandaises contemporaines, son travail a atteint une maturité et une sincérité flamboyante. Ces toiles sont acessibles au tout venant  mais  elles méritent d’être observées plus longuement pour découvrir la profondeur de son émotion et de son message.

 

 


th_Toos-van-Holstein--Art-is-travelling-the-mind.JPG
"Travelling mind"

[1] Mouvement CoBrA : Co pour Copenhague, Br pour Brussels et A pour Amsterdam mouvement artistique de 1948 à 1951  qui s’oppose au sectarisme géographique des suréalistes. Ce mouvement regoupe Christian Dotremont, Jacques Calonne, Joseph Noiret ,Asger Jorn, Karel Appel, Constant, Corneille, Pierre Alechinsky, Jan Nieuwenhuys, Pol Bury, Georges Collignon, Henry Heerup, Egill Jacobsen, Carl-Henning Pedersen, Jacques Doucet et Jean-Michel Atlan.

[2] Robes à la Watteau est une expression étymologiquement abusive du terme originel « plis à la Watteau » en effet le peintre  Watteau (1684-1721) a créé vers 1720 ces plis particulier qui partaient depuis els épaules pour retomber jusqu’au sol.

[3] Tonale : Théorie esthétique développée par poussin (1594-1665) où chaque sentiment est associée à une couleur, il existe par exemple le ton inique, dorique, etc.

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