Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 00:00
Kimono en Tsutsugaki milieu du XIXem siècle

Kimono en Tsutsugaki milieu du XIXem siècle

Qu’est-ce que le tsutsugaki [筒描] ? Avant d’être un tissu japonais, c’est avant tout une technique. Le tsutsugaki (de tsutsu, « tube » et de gaki, « dessin ») désigne une technique japonaise de teinture à l’indigo accompagnée de décors réalisés par réserve à la pâte de riz.

 

Le musée Guimet est le premier musée occidental à proposer une exposition retraçant cette technique. Dans une scénographie de qualité, les conservateurs ont su jouer des couleurs, et des trois dimensions, mention spéciale pour la rotonde décorée de Nobori des 10m de haut traversés par une brise légère.

 

À l’image de l’art de l’estampe, le tsutsugaki est un art populaire qui relève à la fois du dessin et de la teinture, résultat d’un processus de création complexe qui fait appel à plusieurs savoir-faire conjoints (le dessinateur, l’artisan et le teinturier). Né à l’époque de Muromachi (1337-1573), le tsutsugaki a connu son apogée au cours de l’époque d’Edo (1603-1868). Les kimonos [着物] et yukata [浴衣] réalisés grâce à cette technique sont des habits de travail. Même si l’indigo n’est pas bon marché au japon, cette couleur est très peu chère face à la broderie. De plus l’indigo a la particularité de se maintenir sans mordant, c’est pourquoi il fut très utilisé pour les emplois salissant ou usant. Que ce soit les pompiers, les pêcheurs, les dockers ou certains manutentionnaires, tous portés les tsutsugaki aux motifs protecteurs. Cette spécificité explique pourquoi ces vêtements sont rares dans les collections muséales contemporaines. En effet les habits ont souvent disparu car trop usés. L’origine laborieuse de ces vêtements explique aussi pourquoi les premières collectionneurs du Japon en France que ce soit Auguste Lesouëf (1829-1906), Léon de Rosny (1837-1914) ou Samuel Bing (1838-1905) n’ont pas acheté ce type de travaux. Ces deux raisons expliquent pourquoi ces œuvres artisanales sont si rares dans les collections privées anciennes.

 

Les motifs des tsutsugaki diffèrent selon les régions. Au nord-est du Japon les motifs de singes prédominent, tandis qu’à Kyûshû, au sud-est de l’archipel, le shishi (lion japonais) et le dragon s’imposent dans des coloris particulièrement vifs et éclatants.

 

Un rare tsutsugaki qui a appartenu à Léonard Foujita (1886-1959) met en évidence l’aspect réinventé de cette technique. Il a su appliqué son vocabulaire artistique à cette technique pluri centenaire. La collection Riboud conservée au musée Guimet, témoigne de l’audace des décors et de la vivacité des couleurs, qui font de ces textiles d’authentiques œuvres d’art, empreintes de force et de sagesse populaire.

 

Musée Guimet à partir du 13 juillet au 7 octobre 2013:

Les samedis et dimanches à 14h (durée 1h)

Plein tarif : 4.20 euros ; tarif réduit : 3.20 euros

Portrait de Léonard Foujita avec au fond le tsutsugaki qu'il a réalisé

Portrait de Léonard Foujita avec au fond le tsutsugaki qu'il a réalisé

Tsutsugaki réalisé par Léonard Foujita

Tsutsugaki réalisé par Léonard Foujita

vue d'ensemble d'une partie de l'exposiiton

vue d'ensemble d'une partie de l'exposiiton

Exposition tsutsugaki au musée Guimet
détail du vocabulaire artistique

détail du vocabulaire artistique

Partager cet article
Repost0

commentaires